Le projet Euroglider a pour objet la conception et le développement d’un moto planeur école, doté de deux moteurs électriques (hélices propulsives) et d’une avionique moderne adaptée à la formation. Il est le fruit d’un partenariat signé en 2014 entre 3 acteurs : l’association européenne pour le développement du vol à voile (AEDEVV, détentrice du projet), la société Dassault Aviation et le groupe ISAE dont fait partie l’École de l’air et de l'espace. L’École de l’air et de l'espace s’inscrit dans les lots de travaux intitulés « systèmes de formation » du projet. L’objectif du CREA est l’optimisation de la formation dans le respect de la sécurité aérienne. L’optimisation consiste à réduire le temps de formation et limiter la baisse des compétences dues aux interruptions d’entrainement par le prisme des nouvelles technologies.
En dépit du souci de sécurité aérienne ayant toujours présidé à leur développement, des technologies innovantes (e.g., glass-cockpit) ont pu conduire à une recrudescence des accidents mortels en aviation légère (NTSB, 2010) en modifiant les usages (e.g., altération attentionnelle, prise de décision erronée, etc.).
Néanmoins aujourd’hui les glass-cockpits et l’utilisation de tablettes/smartphones se généralisent dans les usages vélivoles. Afin de maintenir une sécurité optimale, les organisations nationales (e.g., FAA) préconisent deux axes d’effort à savoir la formation des utilisateurs et la conception des cockpits.
Ces deux axes ont été combinés dans une étude menée au CREA, en simulation de vol. Cette étude a montré que le contrôle de l’affichage des instruments de bord par l’instructeur permet de coordonner à la fois l’acquisition de basiques de vol (e.g., assiette, inclinaison, symétrie, etc.) et la surveillance du ciel (Duhau, Blättler& Fabre,2016).
Une deuxième étude a montré qu’au cours de la formation initiale des élèves pilotes, les périodes d’interruption d’entrainement ont un effet délétère sur la « compétence PTL » (Prise de Terrain en L). Cette compétence repose sur la coordination spatio-temporelle de plusieurs compétences basiques (e.g., assiette, inclinaison, symétrie, etc.) (Bernadou, Blättler& Fabre, 2017). Une des stratégies testées pour répondre aux problèmes liés à ces interruptions a été l’entrainement des compétences complexes sur simulateur de vol. Afin de tester l’efficacité de cette formation en simulateur, de nouveaux indices comportementaux basés sur l’anticipation visuelle ont été développés afin d’évaluer le niveau des élèves (Nayral, Blättler, Fabre, en préparation).
Bien que l’utilisation de la simulation dans la formation soit limitée par son manque de fidélité (e.g.,proprioception), son impact positif est reconnu notamment lorsque l’entrainement est mixte vol réel /environnement virtuel. Une des premières technologies conciliant ces deux aspects se retrouve dans la simulation embarquée (e.g., PC21). Alors que la simulation embarquée se focalise surtout sur les éléments des cockpits entête basse ou moyenne, la Réalité Augmentée (RA) pourra présenter les informations directement sur un HUD «panoramique» ou par le biais de lunettes connectées.
Les futurs travaux de recherche visent à tester des aides, au moyen de nouvelles technologies telles que les glass-cockpits et la RA, favorisant l’acquisition et le maintien de la compétence. Cependant, il existe plusieurs limites aux expérimentations de RA en environnement réels, qu’elles soient méthodologiques, technologiques, financières ou sécuritaires. C’est pourquoi dans un premier temps la virtualité augmentée sera utilisée comme moyen d’expérimentation.
L’ajout d’éléments visuels dans la virtualité augmentée existe depuis de nombreuses années dans les jeux vidéo sous forme de tutoriels permettant une prise en main “rapide” d’activités complexes comme le pilotage d’avion. Bien que l’expérience utilisateur donne une impression d’efficacité dans la prise en main de tels dispositifs, il convient de le mesurer de façon objective. L’objectif est donc de tester en environnement virtuel les principes pédagogiques de la RA. La validation de ces principes et les limites observées permettront le développement de cette technologie en environnement naturel.